Marseille-Irkoutsk-Pékin à vélo, un voyage réalisé par Bernard Ollier
Le titre de cet article sonne un peu comme la première phrase d'un enfant et pourrait de ce fait faire sourire... Mais pris au premier degré, il devient inquiétant. C'est pourquoi je me dois de tout de suite vous rassurer: notre Papa va bien. Il a passé Krasnoïarsk ("la belle montagne" en russe) hier et aimerait être chez notre amie Galina, à Tayshet plus précisément Biryusink, dimanche soir. Mais pour cela il lui faudra parcourir 300 kilomètres en deux jours. Si la météo est bonne et que les routes sont correctes, c'est tout à fait faisable.
Certaines personnes nous ont demandé pourquoi est-ce que nos aventuriers passaient autant au nord. Il semble en effet que le chemin le plus court pour rejoindre la Chine passe plus au sud. La raison majeure de cet itinéraire est que Papa voulait passer chez Galina, qui habite à 800km de Irkoutsk (à côté de Irkoutsk à l'échelle russe:-). Ensuite, le réseau routier russe ne laisse pas beaucoup de choix pour l'itinéraire. Enfin, plus au sud de la route empruntée par Papa et Spoutnik se trouvent les contreforts de l'Hymalaya... Même si on n'est pas directement sur l'Everest, ça ne doit pas être plat.
Pour revenir sur l'objet de cet article, notre Papa est tombé, ou plutôt il a été percuté par un tracteur. Même si Spoutnik est plus baraqué que les vélos ordinaires, il ne fait pas le poids contre un tracteur. Voilà comment s'est passé l'accident.Mercredi 4 juin, en fin d'après-midi, Papa et Spoutnik grimpent doucement (13km/h) un faux plat montant. Un vieux tracteur, poussif, arrive derrière eux et les suit pendant quelques mètres avant de les doubler. Le problème est que cet agriculteur tire une remorque plus large que le tracteur. Au 8140ème kilomètre, notre Papa est percuté par derrière et projeté au sol. Le tracteur continue. Notre Papa crie. Le tracteur s'éloigne... Heureusement une voiture suivait le tracteur. Elle a tout vu. Elle rattrape donc le véhicule agricole qui revient. Notre Papa est égratigné à l'arcade, ce qui fait beaucoup de sang. Un vieux monsieur descend de la machine. Il est tout gêné et ne comprend pas ce qui s'est passé. Il supplie Papa de ne pas appeler la "milice" et l'invite à passer la nuit chez lui. Notre Papa découvre donc la vie d'une famille d'agriculteurs pauvres et le "bania", une sorte de sauna finlandais.Le lendemain, quelques courbatures rappellent la chute de la veille. Une douleur au niveau des côtes se fait aussi ressentir. S'agit-il d'une cote fêlée? Cassée? D'une douleur musculaire? L'avenir nous le dira.Spoutnik n'a quant à lui subit aucun dommage dans cette chute. Il a été protégé par ses sacoches. Comme quoi le portage a du bon!Papa nous dira que les Russes "ne doublent pas, ils passent". Il ne regardent pas dans leurs rétroviseurs, n'évaluent pas les distances, ne mettent pas de clignotants. Ils se contentent de se déporter un peu pour passer.Mais si cet accrochage est arrivé en pleine taïga, il aurait pu se passer n'importe où. Les gens sont en effet pas très respectueux envers les vélos. Très peu d'automobilistes laissent une distance suffisante entre leur véhicule et le cycliste. Sur la Côte d'Azur par exemple , nombre de voitures tractent des bateaux.. Leur remorque est beaucoup plus large que la voiture. Bien souvent, si la voiture passe à 1m du vélo, la remorque passe à quelques 40cm. Vous avez alors intérêt à bien garder votre droite! En dernier recours on peut toujours se précipiter dans le fossé, mais c'est quand même mieux s'il y a un grand bas-côté!Pour continuer sur les voitures et leur danger pour les cyclistes, j'aimerais vous faire remarquer que dans les virages à droite, nous avons tous tendance à couper la chaussée pour empiéter sur le bas côté. Le problème est que cet espace est utilisé par les vélos. Donc si vous arrivez à 80km/h dans le tournant et qu'un vélo s'y trouve à 12km/h, c'est l'accident assuré. Pensez-y ;-)Quelques chiffres pour finir cet article. Notre Papa est parti depuis 96 jours et a parcouru 8300km. Il se trouve donc au 2/3 de son périple et il lui reste un peu plus de deux mois pour arriver à Pékin. Libellés : Papa a bobo
publié par Le Petit Marseillais #
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